Patrick Soon-Shiong, magnat de la biotechnologie, avait sauvé une organisation de recherche médicale en difficulté. À présent, le directeur général et deux autres responsables de l’organisation à but non lucratif engagent des poursuites contre lui, l’accusant de vouloir prendre le contrôle de l’organisation.
Au cœur de la pandémie, alors que le monde scientifique était en effervescence pour développer un vaccin sûr et efficace, l’Infectious Disease Research Institute traversait une période sombre. Basée à Seattle, cette organisation avait accumulé de lourdes dettes, se retrouvant en redressement judiciaire en janvier 2020 après des pertes de 7 millions de dollars l’année précédente et une dette cumulée dépassant les 20 millions de dollars.
Dans ce moment critique, le milliardaire Patrick Soon-Shiong, à travers sa fondation familiale, est intervenu tel un sauveur. Cet inventeur et entrepreneur pharmaceutique basé à Los Angeles a injecté 26 millions de dollars sur trois ans pour redresser l’institut, renommé en Access for Advanced Health Institute (AAHI). Sa société ImmunityBio a aussi promis 2 millions de dollars annuellement pour appuyer les efforts de recherche de l’AAHI, plus 5,5 millions annuels pour l’utilisation de la technologie de vaccin de l’institut, une initiative qualifiée par Soon-Shiong de « nouvelle génération ».
Utilisation controversée des fonds : l’AAHI poursuit Patrick Soon-Shiong en justice
La collaboration a cependant tourné au vinaigre. La fondation de Soon-Shiong a cessé les paiements, ne versant pas le troisième et dernier montant de 8 millions de dollars ; ImmunityBio n’a pas non plus honoré son engagement annuel de 7,5 millions de dollars. Désormais, sous la houlette de Corey Casper, PDG de l’AAHI, l’organisation accuse Soon-Shiong de retenir les fonds en raison d’un refus de réorienter les subventions vers une autre initiative philanthropique, notamment le soutien à la formation clinique des médecins en Afrique du Sud. Une plainte a été déposée, alléguant que Soon-Shiong tentait de prendre le contrôle du conseil d’administration pour empêcher l’AAHI de récupérer les millions dus.
Soon-Shiong réplique en accusant Casper et ses collègues de « tenter maladroitement un putsch » pour éviter une enquête sur l’utilisation des fonds. Il soutient que les fonds étaient destinés à soutenir des initiatives médicales en Afrique, un engagement que la direction de l’AAHI n’aurait pas honoré.
Soon-Shiong critique la gestion des fonds par l’AAHI
Dans une entrevue avec Forbes, Soon-Shiong a déclaré qu’il avait retenu le paiement de 8 millions de dollars car l’AAHI n’avait pas utilisé les 18 millions précédemment versés pour ses projets en Afrique. « En réalité, je n’ai aucune idée de l’utilisation de ces fonds. À ce jour, pas un centime n’a été alloué au projet en Afrique du Sud… Il s’agit d’un détournement de fonds. »
Les enjeux financiers de cette affaire sont minimes pour Soon-Shiong, dont la fortune dépasse les 7 milliards de dollars. Néanmoins, le conflit soulève des questions profondes sur les priorités et l’intégrité dans la gestion des fonds alloués à des causes humanitaires.
L’accord initial entre Soon-Shiong et Casper remis en cause
Les tensions entre les deux parties remontent aux débuts de leur collaboration, quand Soon-Shiong a financé l’institut sous condition de soutenir des initiatives en Afrique. Les désaccords sur l’utilisation des fonds ont conduit à une fracture ouverte lors d’une réunion du conseil en septembre, où Soon-Shiong a exigé que tous les fonds soient utilisés pour la formation de médecins en Afrique, contre l’avis de Casper.
Le conflit s’aggrave, entraînant des accusations réciproques et une lutte pour le contrôle de l’organisation. Le sort de l’AAHI et de sa mission médicale est maintenant entre les mains de la justice, avec un procès qui non seulement décidera du contrôle de l’organisation mais aussi de l’orientation future de ses ressources considérables. La communauté internationale et les parties prenantes attendent avec impatience le verdict, car il pourrait redéfinir les responsabilités des philanthropes dans la gestion des fonds dédiés à des causes nobles.